Alarmistes, les néoconservateurs américains accusent Obama de faiblesse sur la Syrie

Article publié dans Huffington Post, le 28/08/13 (actualisé depuis).

Après avoir lancé des consultations auprès d’experts et de certains de ses homologues étrangers, et malgré le refus du Parlement britannique, le Président Obama s’apprête à donner son feu vert à des frappes militaires en Syrie. Son secrétaire d’État, John Kerry, l’a annoncé hier soir. Ces frappes devraient être ciblées – sur les infrastructures de guerre syriennes – et ne pas être suivies d’intervention au sol.

L’opinion publique américaine est majoritairement opposée à tout engagement armé ; la classe politique, quant à elle, est quelque peu divisée, notamment chez les Républicains. Scott Rigell fait ainsi circuler une pétition auprès de ses collègues de la Chambre des Représentants pour demander au Président Obama de consulter le Congrès avant de se lancer dans une opération militaire, arguant de l’absence de menace directe pour les États-Unis. Selon Rigell, « cette demande n’a rien de personnel » vis-à-vis d’Obama. Il s’agit simplement d’être dans une démarche « collaborative and délibérative », bref… démocratique. Cette démarche est purement formelle, voire symbolique : en tant que chef des armées, le Président n’a pas besoin de l’autorisation du Congrès.

Pour leur part, les « faucons » républicains sonnent l’alarme depuis des mois à propos de Bachar el-Assad. Au premier rang, on retrouve sans surprise les néoconservateurs de la « vieille génération », celle des Robert Kagan et Charles Krauthammer, qui déplorent les options non-interventionnistes de Barack Obama en politique étrangère.

Si l’ensemble des « rogues states » (« États voyous ») sont toujours dans leurs têtes (Russie, Iran…), le cas de la Syrie focalise leur attention : sur leurs blogs, dans leurs lettres ouvertes à l’exécutif et dans leurs éditoriaux parus dans la presse, ils accusent le Président de faiblesse, de lâcheté, d’aveuglement. 

« Decline as a choice »

Plus : ils lui reprochent, non pas d’avoir fait une succession de mauvais choix en matière de stratégie géopolitique, mais d’avoir élaboré un véritable système de pensée, une idéologie – ce sont des spécialistes qui le disent ! – que d’aucuns qualifieraient de « réaliste » mais qui est pour eux un suicide national.

Selon eux, Obama a de « mauvaises théories » – il veut limiter la puissance américaine, réduire coûte que coûte le risque de guerre… – qui l’empêchent de voir la réalité telle quelle est.

« Notre Défense est privée de ses moyens financiers », et les coupes budgétaires y sont plus problématiques que pour d’autres secteurs, disent-ils. La fin du leadership américain, encore et toujours…

Reprenant certains des engagements du Président, comme la fameuse « ligne rouge » des armes chimiques en Syrie, les neocons ironisent sur les déclarations d’intention et les promesses non tenues du chef de l’exécutif fédéral. Ils n’ont toujours pas digéré le retrait des troupes d’Afghanistan et d’Irak et accusent Obama d’avoir permis un renforcement d’Al Qaida dans tout le Moyen-Orient.

En laissant Assad agir à sa guise, disent-ils, les États-Unis donnent à voir le visage d’une puissance qui n’est plus fière d’elle-même. Ils expliquent que cette image dégradée se diffuse ailleurs, notamment en Iran.

Dans le cas de la Syrie, le souci d’Obama de consulter d’autres chefs d’État et de se placer sous l’égide de l’ONU – ce qui n’arrivera pas, cependant – les exaspère.

Sur le site du think tank néoconservateur Foreign Policy Initiative, on peut lire qu’Assad a attaqué son peuple en lui disant : « peu importe ce que je vous fais. Le reste du monde ne dira rien ». Surtout par les États-Unis. Dès lors, l’administration Obama serait « tombée dans le piège d’Assad », un piège pourtant un peu trop grossier. Trop tard pour en sortir ?…