Le réchauffement climatique, nouvel ennemi de l’industrie américaine ?

Aux États-Unis, une partie du monde industriel, notamment dans le secteur de l’énergie, et quelques groupes libertariens – par exemple du côté du think tank le Cato Institute – ont longtemps refusé d’admettre le changement climatique, soit parce que cela desservait leurs intérêts économiques, soit parce qu’ils pensaient que c’était une nouvelle tactique de la gauche pour limiter la liberté d’entreprendre.

Il semble cependant qu’aujourd’hui, un nombre croissant de grandes entreprises prennent conscience du danger des évolutions environnementales, en particulier parce qu’elles en paient très directement les conséquences. Elles réalisent que ces évolutions leur coûtent finalement plus cher que les politiques écologiques – quoique peu nombreuses et peu contraignantes aux États-Unis.

Ainsi, comme le relatait récemment le New York Times, Coca Cola a dû faire face à de grosses déconvenues économiques depuis 10 ans du fait de pénuries d’eau qui l’ont handicapé dans son processus de fabrication (baisse des récoltes de sucre de canne et donc hausse du coût de ce dernier, par exemple).

Le réchauffement climatique est aujourd’hui appréhendé par Coca comme une « economically disruptive force » (un « facteur perturbateur de l’économie »). La société compte même désormais, dans son organigramme, un vice-président chargé de l’environnement et des ressources en eau.

Nike a aussi été confronté aux intempéries et à la sécheresse dans les pays où il fabrique ses vêtements et se procure le coton nécessaire. Si Coca Cola a mis en place des technologies pour économiser l’eau, Nike privilégie de plus en plus les matières synthétiques pour éviter la hausse des prix des matières premières.

Ironie du sort, de grandes sociétés américaines font désormais du lobbying auprès des décideurs politiques pour que ceux-ci mettent en place des politiques de préservation de l’environnement. Il en a même été question à Davos, ces derniers jours. Certains groupes industriels se montrent même en faveur d’un impôt sur la pollution (taxe carbone, etc.). Un scénario inimaginable il y a encore 10 ans.