Obama s’engage pour la jeunesse afro-américaine

Longtemps critiqué – surtout au début de son premier mandat – pour ne pas avoir pris de mesures spécifiques vis-à-vis de la communauté afro-américaine, Barack Obama a réuni, la semaine dernière, hommes politiques, mécènes et sportifs célèbres pour annoncer la mise en place du dispositif « My Brother’s Keeper » en faveur de la jeunesse noire. Il coûtera 200 millions de dollars, sur 5 ans, et sera, dans un premier temps, exclusivement financé par des fonds privés. Il regroupera des initiatives en faveur de l’accompagnement scolaire, de l’égalité des chances, du soutien à la parentalité et de la prévention de la délinquance.

Rappelant combien, adolescent, il avait négligé l’école et souffert de l’absence de son père, le Président a voulu envoyer un message aux jeunes issus de la minorité noire : oui, vous souffrez de problèmes sociaux plus graves que la moyenne de la population mais non, il n’y a pas de fatalité, on peut s’en sortir.

Il est rare, très rare même, d’entendre Obama faire référence à son identité « raciale » (identité au sens sociologique et politique du terme). La dernière fois, c’était en 2012, au moment de l’affaire Trayvon Martin – on se souvient, à l’époque, du : « si j’avais un fils, il ressemblerait à Trayvon » -, auquel il a du reste fait référence dans son discours de la semaine dernière. Les parents de l’adolescent tué gratuitement par un Blanc – acquitté depuis – étaient présents.

La réussite des « jeunes hommes de couleur » est « un défi pour notre pays », a dit le Président, rappelant que, d’après les statistiques, l’exclusion et l’échec scolaires, le fait d’avoir des problèmes avec la justice ou d’être victime de la délinquance sont beaucoup plus élevés lorsqu’on est noir ET de sexe masculin. Il faut donc, pour Obama, lutter contre un certain ordre établi, validé par ailleurs par les médias et la production cinématographique. Une manière de dire que les stéréotypes ont la vie dure.

« Rien ne vous sera donné »

Mais le Président a insisté sur la responsabilité individuelle de chacun : « vous ne pouvez pas toujours rejeter la faute sur la société ». Il a, de plus, invité le secteur marchand, les fondations et les communautés religieuses locales à aider les jeunes à ne pas « décrocher ».

Néanmoins, ce « non » à la fatalité mériterait aussi, et même beaucoup, un renforcement de la lutte contre les discriminations faites aux jeunes Noirs, que ce soit à l’école, dans les tribunaux, face à la police et sur le marché du travail. Le mois dernier, Obama avait ainsi annoncé l’extension de mesures de discrimination positive (fondées sur le tutorat et la gratuité des études) en faveur de l’accès des adolescents défavorisés à l’enseignement supérieur.