Des mythes et de leur lecture officielle : « Noé » de Darren Aronofsky

Il n’y a pas que la droite religieuse (souvent catholique et souvent intégriste) française qui critique, voire censure expositions, livres et autres conférences.

Son équivalente aux États-Unis (chez les protestants comme chez les catholiques) n’est pas en reste. Cette fois-ci, c’est le film « Noé », d’Aronofsky, qui en fait les frais. Le célèbre animateur de radio Glenn Beck – dont le cœur balance entre les religieux et les Tea Party – a estimé que l’oeuvre était « hostile à Dieu ».

Noah-Noé-Russel-Crowe-Poster

Ce « péplum fantastique dans un décor néolithique », comme le décrit Le Monde, met en scène un colosse (Noé), campé par Russel Crowe, qui tue les hommes pour permettre aux animaux de vivre en paix dans un mode débarrassé d’une humanité décadente – ou tout du moins irresponsable et égoïste. Il doit affronter la tribu des Tubal-Caïn, descendants de Caïn, qui veulent prendre possession de son arche.

Bien sûr, Aronofsky prend quelques libertés avec les époques auxquelles auraient vécu (si l’on en croit la Bible, évidemment) ces différents personnages. Mais peut-on parler d’anachronisme dans le cas d’un mythe ? L’Association nationale américaine des diffuseurs religieux le pense : elle a demandé à la Paramount d’insérer un avertissement selon lequel le film est une œuvre de fiction (l’histoire de Noé aussi, mais passons).

Tout aussi intéressante est la lecture du film par la droite libertarienne qui voit dans cette version hollywoodienne de l’arche de Noé un plaidoyer pour la lutte contre le réchauffement climatique – la montée des eaux, les Tubal-Caïn exploitant la planète, etc. Revoilà donc le complot écolo-socialiste, chers aux libertariens, qui n’est jamais loin, d’autant que les grands groupes industriels sont de moins en moins nombreux à y souscrire – j’en ai parlé sur ce blog.