Présentation sur l’égalité hommes-femmes au Forum « Happy Men »

Le 4 juin 2015, j’étais invitée à participer au forum « Happy Men », co-organisé par BNP Paribas et qui se tenait au secrétariat d’Etat aux Droits des femmes, pour parler de “Performance collective et réussite personnelle”.

Le titre de la table-ronde à laquelle j’ai pris part était : « Les hommes sont-ils en train de changer ? ».

CGpc1ImWwAAV3ilIl s’agissait de débattre autour de la situation des hommes dans une société qui, je crois, est en transition : reconnaissance croissante des stéréotypes de genre et de leurs effets néfastes, mais aussi fortes résistances à l’égalité entre les hommes et les femmes. Une partie des hommes a conscience de son intérêt à se libérer des stéréotypes, alors que d’autres craignent le changement. Le patriarcat résiste beaucoup à l’émancipation des femmes qui fait bouger les lignes, que ce soit dans le monde politique (par exemple, la parité a été instaurée pour les élections départementales mais 90% des Conseils Départementaux seront dirigés par des hommes), le monde économique, le champ médiatique, le marketing et la publicité, sans parler du champ intellectuel qui entretient, via certaines figures célèbres, la confusion entre genre, transgenre, homosexualité et menace sur la virilité. Le secteur sportif n’est pas en reste avec la faible visibilité et la sexualisation des sportives.

CGplP38WcAAm-ZaSi l’on s’en tient au monde du travail, outre les inégalités qui sont connues (salaires et carrières), il faut savoir que de très nombreux emplois ne sont pas pourvus à cause des stéréotypes : petite enfance, aide à la personne versus BTP, informatique, etc. Et en matière de santé, il y a une sous-détection de certaines maladies chez les garçons et chez les hommes (troubles alimentaires, dépression…), là aussi à cause des stéréotypes de genre.

Par ailleurs, la dimension générationnelle est à relativiser : la société change, certes, mais le sexisme n’a pas d’âge. Il est très présent, par exemple, dans les entreprises du high tech de la Silicon Valley (à l’instar des problématiques de discriminations ethniques et « raciales »). En témoigne également l’omerta sur les viols sur les campus des grandes universités américaines.

Lutter contre les stéréotypes de genre, ce n’est pas enfermer les individus et les groupes dans de nouvelles cases, c’est au contraire ouvrir le champ des possibles, offrir à tous et à toutes plus de choix, c’est sortir des catégorisations « masculin » / « féminin », vues comme « naturelles » et immuables, mais qui ne sont que des constructions sociales, et qui créent une hiérarchisation.

A long terme, une société plus égale est plus performante en termes d’économie comme de cohésion sociale. Une partie des entreprises comprend que la diversité de son personnel, et notamment de ses cadres, est un gage de richesse ; leur but est de ne pas se priver de talents.

A contrario, la manière dont le sujet de la conciliation vie personnelle/vie professionnelle est parfois abordé au travail n’échappe pas aux stéréotypes genrés : on continue encore trop souvent de raisonner sur le principe selon lequel ces dispositifs doivent bénéficier avant tout aux femmes (parce qu’elles s’occupent majoritairement des tâches domestiques et parentales). Entrer par d’autres biais sur cette question de la conciliation (par la santé, le bien-être, les nouvelles manières de travailler avec notamment le refus du présentéisme, en étant plus gender blind) peut faire évoluer les choses dans le bon sens, en profitant aux hommes comme aux femmes.

Voir le programme et l’ensemble des intervenants ici.