Le parti républicain en 2015, une vision toujours pessimiste de l’Amérique

Pour les candidats à l’investiture républicaine, rien ne va en Amérique. Donald Trump estime que les Etats-Unis sont un « hell hole », qu’ils sont en train de devenir un pays du tiers monde. De l’enfer à la figure du diable, il n’y a qu’un pas : celle-ci a été, et demeure, largement convoquée pour qualifier la politique étrangère d’Obama – accord avec l’Iran, normalisation des relations diplomatiques avec Cuba – ou pour parler du mariage homosexuel. La Cour suprême valide la constitutionnalité de l’union des personnes de même sexe ? Les leaders républicains comptent sur les pans  – de plus en plus réduits – de la société civile hostiles aux droits des gays et des lesbiennes pour dé-légitimiter cette décision et influencer l’opinion publique.

La question « raciale » et ethnique est aussi vue comme problématique, non pas en raison des violences policières ou des discriminations, mais parce que les Afro-Américains et les Hispaniques conservent l’image d’assistés et que l’immigration est considérée par la quasi totalité des candidats républicains – Jeb Bush et le libertarien Rand Paul exceptés – , comme négative pour l’Amérique.

La croissance économique, la baisse du chômage, la diminution du déficit budgétaire n’empêchent pas la peur du déclin car ce sont les valeurs, la dimension identitaire qui sont au cœur des préoccupations des Républicains. Du reste, quel est leur programme économique ? Comme en 2012, on ne le sait pas vraiment, pour l’heure. Jeb Bush a beau promettre une croissance annuelle de 4% via un programme de baisse globale des impôts censée encourager le travail et l’investissement, de réforme de l’immigration et de l’éducation, cela reste imprécis – le New Yorker a qualifié son projet de « retour de l’économie vaudou ».

La fin de l’Amérique blanche et protestante, résultant d’évolutions démographiques inéluctables et bien connues, l’affaiblissement – relatif – du patriarcat, décidément, cela ne passe pas. Les conservateurs ne reconnaissent plus leur pays, et voient le changement comme une menace, non comme une chance de progrès social et culturel, mais aussi économique – ce avec quoi un nombre croissant de grandes entreprises, qui s’intéressent notamment au coût occasionné par les discriminations, sont en profond désaccord. Le parti républicain n’a toujours pas retrouvé le discours d’espoir qui avait porté Ronald Reagan au pouvoir, en 1980. Le slogan de Jeb Bush, « Right to Rise », se veut optimiste. Il faudra plus qu’un slogan pour reconquérir la maison blanche dans un an.