La stratégie « quitte ou double » de Donald Trump

Ce document a été créé et certifié chez IGS-CP, Charente (16)
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L’affaire Khan a été le déclencheur, plus que la cause, du relancement des hostilités entre Donald Trump et le parti républicain. On aurait pu penser leurs relations apaisées, après la convention de Cleveland, tant le candidat investi a donné des gages au conservatisme traditionnel (choix de Mike Pence comme colistier), et réciproquement (plateforme du parti influencée par le programme de Trump, discours d’apaisement de plusieurs grands leaders).

Mais c’est plus fort que lui : Trump ne veut pas se laisser dicter sa conduite par le parti ; il ne supporte pas d’être critiqué pour ses « petites phrases » qui ont – jusqu’ici – largement contribué à sa popularité. D’où son refus, entre autres, d’accorder son soutien à Paul Ryan pour sa réélection comme représentant du Wisconsin.

Les ténors de la droite américaine tremblent pour le 8 novembre. Autant ils savent que la partie sera dure, très dure, face à Clinton, autant la perspective de perdre le Sénat (où ils comptent 9 petits sièges d’avance) leur est insupportable. Or, comme le note le « New York Times », s’ils soutiennent trop Trump, ils s’aliènent l’électorat modéré et indépendant, et s’ils prennent trop ses distances avec lui, ce sont les électeurs conservateurs traditionnels qui risquent de se détourner d’eux. C’est pourquoi la plupart des leaders restent à l’abri des polémiques autour de Trump… Et ne suivent pas Obama qui souffle sur les braises en les invitant à se désolidariser ouvertement de leur candidat.

Avec Trump, le parti républicain est pris dans un piège dont il ne sait pas comment sortir. Il est, ces temps-ci, pris de panique et envisage tous les scénarios, y compris celui de décourager Trump pour qu’il jette l’éponge (ce dernier pourra toujours arguer d’un complot des élites à son égard, ce qu’il ne manquera pas de faire, du reste, en cas de défaite en novembre). Pour autant, l’investiture de Trump n’a rien d’un accident :  elle résulte très largement de l’incapacité du parti républicain, depuis 2008, à se réformer et à s’accorder sur un programme moderne, novateur et adapté aux réalités sociales, économiques et démographiques des Etats-Unis. Trump est le révélateur et le bénéficiaire, et certainement pas la raison, des errements du Grand Old Party.

La crise actuelle que traverse Trump est-elle un épisode de plus dans cette campagne cahotique ou annonce-t-elle sa chute ? Il est trop tôt pour le dire. Les deux sont possibles.