La visite d’Etat d’Emmanuel Macron aux Etats-Unis

Interviews sur France Info, le 22 et 25/04/18

A l’occasion de la visite d’Etat du président de la République aux Etats-Unis en avril 2018, j’ai répondu aux questions de France Info (le dimanche 22 avril, Olivia Ferrandi ; le mercredi 25 avril, Nicolas Teillard) : quelle relation entre Macron et Trump ? Comment interpréter les négociations sur l’Iran ? Que retenir du discours de Macron devant le Congrès des Etats-Unis ?

Le caractère cordial – et stratégique – de ses relations avec son homologue américain, ne doit pas nous empêcher de rappeler les nombreux et profonds désaccords entre les deux hommes, en termes de projet, de programme et surtout de vision géopolitique.

Le 14 juillet dernier, la visite du président Trump à Paris s’inscrivait dans un storytelling franco-américain de la guerre et de la paix – hier en Europe, aujourd’hui au Moyen-Orient. Le moment passé aux Invalides, le défilé militaire – que Trump veut reproduire à l’occasion de l’anniversaire de l’indépendance des États-Unis, le 4 juillet prochain – en étaient les signes. On se souvient qu’à cette occasion, Emmanuel Macron avait dit : « Notre histoire nous dépasse. La vie de nos pays nous dépasse. » Ce soir, le dîner des deux couples présidentiels à Mount Vernon dans la maison historique de George Washington, le premier président des États-Unis, qui entretenait des liens étroits avec La Fayette, est un peu la réciproque de la visite du 14 juillet 2017.

Depuis l’an dernier, la relation Trump-Macron s’appuie sur des valeurs historiques communes – la paix, la démocratie, la liberté – et sur la nécessité de« lutter conjointement contre le terrorisme » et les velléités belliqueuses des dictateurs d’aujourd’hui, comme que l’a exprimé le président français dans son interview à Fox News, diffusée le 22 avril.

LES SYMBOLES SONT, EN SOI, POLITIQUES

Aux États-Unis, une visite d’État est la plus prestigieuse en termes de protocole. Tous les présidents français de la Ve République, à l’exception de Nicolas Sarkozy, ont eu droit à cet honneur mais le président actuel est le premier chef d’État à en bénéficier depuis l’entrée en fonction de Donald Trump. Or, il ne faut pas oublier que les symboles sont politiques : le politique est aussi fait d’émotions, de non-dits, d’images, de petites phrases.

Les petites phrases, il y en a lorsque Trump dit de Macron qu’il est un « winner » et un « tough guy », autrement dit un « dur » – un compliment pour Trump qui apprécie également chez son homologue français son côté « outsider » de la politique, sa culture du business, ainsi que la main qu’il lui tend alors que le locataire de la Maison blanche est profondément isolé sur la scène internationale.