« Sanders et Biden ne combattent pas avec les mêmes armes »

Interview pour "La Croix", le 10.03.20

Mardi 10 mars, les électeurs démocrates de six États, dont le très disputé Michigan, sont conviés aux urnes dans le cadre des primaires démocrates pour le premier affrontement direct entre Joe Biden, désormais grand favori, et Bernie Sanders. Entretien avec Marie-Cécile Naves. Propos recueillis par Wassila Belhacine, le 10/03/2020.

 

La Croix : quels sont les principaux enjeux de cette première confrontation directe dans les primaires démocrates entre Joe Biden et Bernie Sanders ?

Marie-Cécile Naves : Les électeurs démocrates de six États sont appelés ce mardi 10 mars à choisir leur candidat favori entre Joe Biden et Bernie Sanders pour ces primaires. Si tous les États ont leur importance, il y a un enjeu particulier dans le Michigan, un État de la rust belt, (« ceinture de rouille », NDLR) qui représente l’une des dernières chances pour le candidat Bernie Sanders de prendre l’avantage dans ces primaires, dont Joe Biden est, pour l’instant, le favori.

Contrairement à des États comme le Mississippi, composés d’une importante communauté d’Afro-Américains qui ont tendance à se tourner vers Joe Biden, le Michigan est un État sur lequel Bernie Sanders devrait, sur le papier, pouvoir compter.

Joe Biden est donné en tête des sondages. Les scrutins de ce mardi 10 mars vont-ils confirmer ou infirmer cette tendance ?

M.-C. N. : Les sondages sont favorables à Joe Biden, en effet. Néanmoins, nous avons pu constater de nombreux rebondissements dans cette primaire, et nous ne sommes pas à l’abri d’une nouvelle surprise. L’un des avantages de Joe Biden est l’appui qu’il reçoit de la part des têtes d’affiche du parti démocrate comme, très récemment, la sénatrice californienne Kamala Harris ou le sénateur du New Jersey Cory Booker. Ce sont des soutiens de taille qui manquent à Bernie Sanders.

De plus, Joe Biden peut également compter, du fait de sa dynamique, sur le vote de ceux qui, jusque-là, ne se sont pas déplacés pour exprimer leur choix. Certaines personnes indécises, mais qui souhaitent tout de même la défaite de Donald Trump à la présidentielle, vont également avoir tendance à voter pour Joe Biden. Les deux candidats ne combattent pas avec les mêmes armes.

La Croix : un retournement en faveur de Bernie Sanders n’est donc pas à exclure ?

M.-C. N. : Cela me paraît difficile d’envisager un complet retournement de situation. Bernie Sanders peut s’attendre à un sursaut de dernière minute de la part de ses appuis habituels, notamment des jeunes liberals qui le soutiennent sur les réseaux sociaux, et qui n’ont pas l’habitude de voter. Il faudrait que l’engouement de ces jeunes pour Bernie Sanders se transforme en vote.