Obama, son Amérique… et Trump !

Invitée de 'L'info s'éclaire", sur France Info TV, le 18.11.2020

Le 18 novembre 2020, j’étais invitée sur le plateau de « L’info s’éclaire » sur France Info TV, une émission présentée par Axel de Tarlé. Le sujet était, à l’occasion de la sortie du premier tome de ses mémoires, « Une terre promise », l’image, le bilan et l’aura de Barack Obama.

Obama laisse une image positive et une aura que n’ont pas ses prédécesseurs. Sauf peut-être Reagan chez les conservateurs. La preuve, il a fait activement campagne pour Biden.

La « marque » (« branding ») Obama (mari et femme) est un puissant soft power : producteurs sur Netflix, fondation pour les young leaders, « Becoming » : 10 millions d’exemplaires vendus dans le monde.

Obama n’a eu que deux ans avec un Congrès démocrate, et a privilégié l’Obamacare.

Sur l’égalité femmes-hommes, en 2009, Obama signe la Lilly Ledbetter Fair Pay Act, qui annule une disposition législative obligeant les femmes à dénoncer une discrimination salariale dans un délai de trois mois. La nouvelle loi rallonge considérablement la prescription en faisant courir ce délai à partir du dernier bulletin de paie.

Sur l’économie, Obama a été élu quelques semaines à peine après la faillite de Lehman Brothers, en septembre 2008. En 2009, la première ébauche de la loi de régulation financière, la loi Dodd-Frank, crée trois nouvelles agences de régulation, dont une qui oblige les banques à mieux informer les clients qui souscrivent à un crédit. Le texte impose des contraintes plus fortes aux établissements se livrant à des opérations financières jugées risquées et les contraint à anticiper les conséquences d’une éventuelle faillite.

Ce texte a, par exemple, séparé les activités des banques d’investissement et des banques commerciales. Après le drame vécu par des millions d’Américains avec les subprimes, qui se sont trouvés complètement ruinés, des mesures figurent aujourd’hui dans la loi pour protéger les clients des banques.

La rançon, c’est le creusement des inégalités. Et en participer aux dépens des Noirs.

Obama signe aussi en février 2009 le American Recovery and Reinvestment Act, qui injecte 787 milliards de dollars dans l’économie américaine. Avec 10% de chômage en octobre 2009, un record est atteint depuis 1983. Il était à moins de 5% en 2016. Mais à côté de cela, beaucoup de gens sont sortis des statistiques de l’emploi et des aides sociales. De nombreux emplois à temps partiel existent, et certaines régions industrielles sont sinistrées.

Le Congrès a cependant été inflexible : pas de hausse du salaire minimum, pas d’augmentation des impôts pour les plus riches… Conséquence : un Américain sur sept vivait dans la pauvreté, soit environ 43 millions de personnes, pendant les années post-crise.

L’Obamacare (2010) est un grand succès, sa priorité, mais il a coûté à Obama une partie importante de son capital politique.

Il faut noter, en politique étrangère, une passivité sur le conflit syrien et un échec sur le conflit israélo-palestinien. Mais il faut mettre à son crédit l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien, la reprise des relations diplomatiques et commerciales avec Cuba, la ratification de l’accord de Paris sur le climat, avec les Chinois, et l’élimination d’Oussama Ben Laden.

Obama a aussi poursuivi les guerres (cf. « Les guerres d’Obama », le livre de Bob Woodward), notamment en Afghanistan.

L’objectif du comité Nobel, qui lui attribue le prix Nobel de la paix en 2009, était d’encourager le président démocrate à mettre en œuvre sa promesse de campagne de retirer les troupes américaines d’Afghanistan et d’Irak, mais également de saluer « ses efforts en vue d’un monde sans armes nucléaires ».

En Asie-Pacifique, la stratégie du « pivot » ou « rééquilibrage » ne s’est imposée que progressivement mais il a été le premier président américain à se rendre au Laos, en Birmanie, le deuxième à se rendre au Vietnam et a défendu cette réorientation stratégique en matière militaire et de soft power : « L’Asie-Pacifique sera plus importante dans le siècle à venir pour les Etats-Unis et pour le monde », avait-il déclaré. La Chine a tout de même consolidé son influence dans la région et dans le monde depuis.

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